Si le shiatsu possède des points communs avec le massage, il s’en distingue non seulement par les techniques employées, mais aussi par son approche : le shiatsu est une discipline holistique d’origine sino-japonaise travaillant à la fois sur le physique et le psychisme pour accompagner l’être humain dans l’équilibre de ses énergies internes. Sa base théorique est la médecine traditionnelle chinoise.
Une relation de confiance
Comme nous l’avons vu dans l’article de bienvenue, le shiatsu est avant tout une relation de confiance entre deux personnes, un donneur (shiatsushi) et un receveur (jusha).
Avant de prodiguer les soins shiatsu à proprement parler, le donneur va établir un dialogue avec le receveur avec des questions sur son hygiène de vie : son alimentation, son sommeil, son activité physique, les conditions dans lesquelles il exerce son travail, etc. Il va également l’interroger sur ses antécédents médicaux et chirurgicaux, ou encore sur le suivi de tel ou tel traitement médicamenteux. Cette étape du bilan énergétique nommée mon shin, va permettre au shiatsushi d’être au plus proche du besoin du receveur pour le bilan par le toucher et le travail qui s’en suivra.
Cela va également lui permettre d’établir si le receveur présente des contre-indications à la réception d’un soin shiatsu. Le shiatsushi s’intéresse ici à tout ce qui peut toucher à l’évolution de l’être, dans ses aspects physiques et psychiques. En effet, les événements marquants d’une vie sont aussi à prendre en compte car les émotions influencent significativement notre personne. Elles affectent à leur façon l’évolution de notre corps et notre esprit, et, de facto, de notre santé.
Au cours de cette mise en relation, le donneur accueille le receveur avec ouverture d’esprit et empathie. Même si le protocole est le même pour tous, chaque être est unique. Il vient à une séance de shiatsu avec son histoire, son vécu, ses questionnements. Le shiatsushi reçoit le jusha tel qu’il est, sans a priori, sans jugement. Le respect et la confidentialité sont de mise.
Le jusha est libre de raconter ce qu’il souhaite de sa vie. Cependant, plus il donnera d’éléments, plus le shiatsushi sera à même de répondre au mieux à sa demande. Et ce partage, cette rencontre, ne peut avoir lieu que s’il y a confiance. Etre à l’écoute de l’autre, le respecter dans son unicité et son intimité, voilà qui fera de la séance de shiatsu un moment fort pour les deux parties.
On me dit souvent « Oh, mais tu dois être fatiguée après une séance ! ». Ma réponse en surprend plus d’un : « c’est tout le contraire : je suis reboostée! » 😉 . En effet, nous donneurs, sommes juste des déclencheurs. Nous ne produisons rien, ne faisons rien de particulier à travers le soin shiatsu. Il n’y a pas de transfert d’énergie. Les frontières sont respectées. Tel Socrate et sa maïeutique, nous aidons les personnes à faire accoucher leur corps de ce qu’il retient au plus profond de lui, souvent inhibé par un mental trop fort. Nous lisons les messages du corps et l’aidons à s’exprimer. Nous n’apportons pas les solutions au receveur, nous l’accompagnons simplement à savoir regarder à l’intérieur de lui-même toute la richesse qu’il possède pour répondre lui-même à sa problématique 😉
Les 4 étapes du bilan énergétique
Avec mon shin, le praticien utilise encore 2 autres méthodes pour son bilan énergétique, avant de passer à setsu shin, le bilan par le toucher : La première, bo-shin, est l’observation générale de la personne. Sa posture, son allure, sa démarche. La forme de son corps, les lignes de son visage, etc. Les éléments ainsi récoltés vont lui donner des indications globales et intuitives sur tel ou tel profil énergétique, tel ou tel déséquilibre de tel ou tel organe (Yin-Yang). Le jusha est accueilli dans son individualité, sans jugement ni a priori.
La seconde étape est bun shin. Si bun shin est souvent réduit à l’écoute, il allie en fait nos deux sens primitifs que son l’ouïe ET l’odorat. On le voit, c’est à travers nos 5 sens que le bilan énergétique se fait. Dans nos époques modernes, nous n’utilisons cependant plus l’odorat comme indicateur de notre instinct de survie.
C’est ensuite la confrontation des éléments retirés de ces 3 étapes, conjuguée à la 4ème, setsu shin –le bilan par le toucher, qui va déterminer le chemin à prendre par le shiatsushi dans le soin à prodiguer au jusha.
Harmoniser les énergies par le toucher
« Le toucher est à l’origine du contact / Le contact appelle les caresses / La caresse permet l’attachement / L’attachement déclenche le discours / Le discours ébauche la communication / La communication ouvre les portes de la socialisation. » Condorcet
Le toucher a des vertus apaisantes, réconfortantes pour les êtres vivants. Il apporte chaleur et sécurité. un bébé chouchouté, caressé, câliné, aura de bien meilleures chances de se développer sereinement et confiant dans la vie. Nous aurons l’occasion de revenir sur les bienfaits du shiatsu pour la future maman et son bébé dans un prochain article 😉
Pour l’heure, voyons ensemble comment se déroule setsu shin. Après les 3 premières étapes du bilan énergétique, le donneur pratique une sorte d’état des lieux de l’énergie globale du receveur via la palpation. Selon les styles de shiatsu, plus ou moins orientés médecine traditionnelle chinoise, acupuncture, ce bilan peut se faire par les pouls (au niveau des 2 poignets), ou sur des zones spécifiques du ventre (hara), ou du dos. En Zen shiatsu par exemple, le bilan du hara ou du dos se fait selon les schémas élaborés par Masunaga. C’est personnellement ce style que je pratique le plus 😉 .
Une autre forme de bilan part directement sur les méridiens, ces trajets énergétiques reliés aux organes, et qui nous indiquent leur état du moment : trop plein : Jitsu, ou trop vide : Kyo. Durant cette phase de connexion à l’autre, le shiatsushi est en simple présence neutre, stable et ancré, afin de n’être perturbé ni physiquement ni émotionnellement. Il capte l’information énergétique émanant du receveur pour ensuite orienter son travail de rééquilibrage.
L’harmonisation des énergies du receveur s’effectue selon les grands principes de la médecine traditionnelle chinoise : le Yin et le Yang, composant complémentaires et indissociables du Qi. Le travail de rééquilibrage par pressions, étirements, ou lissages se déroule directement sur les méridiens (les mêmes trajets utilisés par l’acupuncture) ou sur des points spécifiques situés sur ces méridiens, les tsubos. Selon l’excès de plénitude ou de vide, le travail du shiatsushi consistera à tonifier ou à disperser l’énergie dans la zone, le tsubo, ou le méridien.
« Le shiatsu, c’est un peu comme un massage bien être, non? »
De nombreuses personnes sont venues me voir au départ par curiosité, et avec un certain amusement pour cette discipline qu’on leur avait vendue un peu comme un massage bien être 😉 . Elles sont finalement ressorties en ayant évoqué des sujets très personnels et parfois douloureux, avec un grand soulagement du corps, mais aussi de l’esprit. Une séance de shiatsu n’est pas un événement anodin… 😉
Si l’on prend la définition du massage tel que l’appliquent les masso-kinésithérapeutes, alors non, le shiatsu n’est pas un massage. La masso-kinésithérapie est une profession médicale occidentale sanctionnée par un diplôme d’état. Son but premier est la rééducation de l’appareil locomoteur humain par le mouvement (kinêsis en grec ancien). Le shiatsu en revanche, s’il utilise aussi le mouvement, n’est pas une profession médicale en occident. Au Japon cependant, comme nous l’avons vu dans l’article de bienvenue, il est reconnu avec une vocation thérapeutique. Le massage thérapeutique en France ne peut être pratiqué que par le corps médical ou paramédical.
Pourquoi dit-on que le shiatsu est plus qu’un simple massage bien être alors? Parce qu’il ne vise pas simplement la détente du corps et de l’esprit mais mène à une vraie réflexion sur les messages du corps. La démarche est à penser sur le long terme plutôt qu’en one shot.
Contre-indications au shiatsu
Il existe un certain nombre de contre-indications au shiatsu. Certaines sont formelles, la liste ci-dessous présente les plus courantes :
- fractures, entorses, opérations récentes
- phlébites et autres troubles cardio-vasculaires
- fièvre (infection, inflammation)
- grossesse de moins de 3 mois ou pathologique
d’autres vont demander de la part du donneur une adaptation de son travail :
- dépressions sévères ou grande instabilité émotionnelle
- cancers
- personnes âgées et nourrissons
Mise en garde
Le traitement des affections de l’appareil locomoteur et de la maladie est l’affaire de la médecine conventionnelle -ou médecine allopathique.
Le shiatsu ne relève donc ni de la masso-kinésithérapie ni de la médecine allopathique. Il ne se substitue en aucun cas à ces dernières. Le bilan énergétique oriental n’est pas et ne remplace pas un diagnostic médical allopathique. En ce sens, une personne malade sera automatiquement renvoyée vers un médecin.
Le shiatsu agit en prévention et en accompagnement au maintien de la bonne santé ; un peu comme le sport finalement ! 😉 A condition de le pratiquer régulièrement…
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Pour aller plus loin, quelques références incontournables :
Livres généraux sur le shiatsu :
- Shiatsu : Théorie et pratique de Carola Beresford-Cooke (peut être un peu ardu pour des débutants)
- Le grand livre du shiatsu et du do in : Pour harmoniser ses énergies de Hervé Ligot (très abordable et très poétique 😉 )
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Soyez vous, soyez shiatsu !
6 commentaires
Lynda · 19 février 2018 à 8 h 46 min
Merci Ludivine pour cet article qui donne une vision claire et avertie de la pratique du shiatsu. J’ai bien aimé ce passage: « Tel Socrate et sa maïeutique, nous aidons les personnes à faire accoucher leur corps de ce qu’il retient au plus profond de lui, souvent inhibé par un mental trop fort ». C’est en effet ce déséquilibre potentiel entre le mental et le corps qui pose souvent problème, en prendre conscience peut aider à y travailler de manière plus efficace avec l’aide du donneur!
Ludivine · 19 février 2018 à 9 h 54 min
Merci Lynda. En effet, l’intérêt principal du shiatsu à mes yeux est la reconnexion à soi-même pour se maintenir en bonne santé 🙂
Et si l’on peut aider en tant que donneur, on a tout gagné ! 😉
tedeschi claire · 19 février 2018 à 9 h 54 min
Bravo pour cet article clair et pédagogique!
Ludivine · 19 février 2018 à 9 h 58 min
Merci Claire pour ces encouragements 😉
Armo · 25 février 2018 à 16 h 20 min
tres bonne decouverte de cette pratique, pas testée physiquement mais j en comprend l approche
Ludivine · 25 février 2018 à 21 h 12 min
tu sais ce qu’il te reste à faire ! 😉